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Préface
Ceci n'est pas une histoire de la guerre. J'ai
voulu simplement pour mes petits enfants, si j'ai le bonheur d'en
avoir, résumer mes impressions pendant cette période
qui a du laisser à tous des souvenirs inoubliables. Mon
rôle, bien modeste ma permis d'observer cependant les combattants
de tous grades. Je n'ai pas pu comme je l'aurais désiré,
prendre une part réelle au combat. Ceux qui liront ces
lignes verront que je n'ai été ni un héros
ni un embusqué et cela me suffit. Pensant que les vieux
bien portants pouvaient se rendre utiles, j'avais comme tous ceux
qui sont partis, fait le sacrifice de ma vie. Je n'ai jamais espéré
que cela sauverait mon fils, car la mort frappe indistinctement.
Je voulais seulement, puisque le recrutement acceptait un engagé
de 55 ans, rejoindre, sur mon cheval mon fils au 13ème
dragons. Les règlements me l'ont interdit et j'ai pu seulement
voisiner avec lui pendant quelques mois en 1917, quand nous avons
appartenu au même corps. N'ayant aucune disposition pour
l'ambulance, ni pour la mécanique, je ne pouvais que reprendre
mon métier - combien mal exercé - de cavalier de
2ème classe après 35 ans d'oubli, mais cette fois
utilement. Et puis je me disais : ou bien
c'est la fin de la France, alors mieux vaut mourir avec elle que
de devenir boche, ou bien c'est la victoire, et il serait malheureux
de ne pas en être.
Voulant, c'est le seul intérêt
des notes de la guerre, dire la vérité, toute la
vérité, je dis ce que je pense des hommes, même
de mes amis, dont le caractère, beau ou laid, s'est manifesté
auprès de moi. Ceux que j'ai vus sous un jour défavorable
je ne les nommerai pas, les désignant sous de fausses initiales.
Peut-être suis-je plus susceptible que d'autres, comme mon
fils d'ailleurs, j'ai beaucoup souffert des hommes, tandis que
la souffrance causée par le froid, la faim, la boue, la
fatigue, le manque de sommeil, ne m'a jamais affecté.
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